mercredi 16 octobre 2013

Arythmie, demandez le programme !

On nous consulte ! On nous demande notre avis ! Ciel ! La Refondation de l'Ecole va-t-elle enfin avoir lieu, comme promis ? Las ! Tout est à faire dans l'urgence et devant le fait accompli.

On nous a demandé de dire tout le mal que nous pensions des programmes 2008, après avoir été inspectés et donc jugés, à partir de ces mêmes programmes.... nos avis devaient être rendus pour le 10 et on nous a prévenus le 3.... Tout a donc été bâclé, ou pas fait faute de temps (car le Ministère semble ne pas savoir que le temps n'est pas extensible). Va-t-on nous clouer au pilori pour blasphème envers la mouture désastreuse 2008 ???  Il y en a qui ont subi les foudres de la hiérarchie pour moins que ça.....

Et puis les communes nous consultent aussi pour mettre en place la réforme des rythmes scolaires, sauf que ce n'est vraiment que consultatif et que de toutes façons, ce qui prévaut, ce ne sont ni les élèves, ni leurs parents et encore moins nos avis à nous, mais bel et bien l'aspect financier. Alors on voit fleurir les propositions les plus abracadabrantes ici et là, devant les regards consternés des premiers concernés après tout, c'est à dire les enseignants....
Dans mon secteur, on nous propose une pause méridienne de... 3 heures (!!!) (alors que l'actuelle pause de déjà deux heures est jugée trop longue : nous récupérons les élèves complètement excités et le retour au calme n'est jamais une sinécure...). et du coup, l'école se terminera de toutes manières à 17 heures, avec une succession effarante tout au long de la journée des référents pour les enfants : d'abord l'animateur, puis le maître, puis de nouveau l'animateur (parce que, celui qui fait la cantine, c'est aussi celui qui fait le qi cong ou le yoga...), puis le maître, ou ce qu'il en reste, pour finir avec l'animateur de la garderie (s'il est encore vivant après les 3 heures de pause méridienne). Ce qui est encore plus formidable dans ce qui est proposé, c'est que nous, les profs, devons laisser nos classes et tout le travail inhérent, à l'animateur en question, le temps du périscolaire, pour y retourner après le ju ji tsu qui aura définitivement ruiné nos espoirs d'un retour aux apprentissages.....car il ne faut pas rêver : dans la grande majorité des communes, ce ne seront pas des intervenants qualifiés qui seront recrutés, ni Soulages ni Nathalie Dessay ni même Teddy Rinner ne viendront dans nos écoles pour animer l'atelier arts plastiques, arts martiaux ou chant....
Bref : la réforme des rythmes scolaires est victime d'arythmie, elle est en souffrance parce que tout se fait en dépit du bon sens, dans l'urgence, que le Ministère ne veut pas que cela devienne un enjeu électoral, alors tout doit être bouclé et décidé avant la fin de l'année.... sauf que, dans l'urgence, on travaille vite et mal, c'est très mauvais pour le coeur, alors on risque extrasystoles et troubles de la circulation.
La Refondation, il aurait fallu la faire en commençant par le début, le socle, le squelette : réformer toute la structure, de haut (surtout !) en bas, puis s'attaquer aux contenus, aux programmes, tout en s'occupant d'une nécessaire reconnaissance du travail de terrain, un coup de pouce salarial, une remise à plat des obligations de services (qui sont délirantes dans le primaire), l'autonomie des écoles, le nécessaire statut des directeurs, redonner confiance aux acteurs de ce terrain complètement délaissé par les décideurs. Et à la fin, mais seulement après tout ça, on aurait pu s'attaquer aux rythmes, en commençant par différencier la journée d'un enfant de petite section de celle d'un enfant de CM2.....Mais non, tout a été fait à l'envers et nous courrons donc encore plus vite à la catastrophe.

L’École est toujours aussi malade, et on continue à appliquer des remèdes inadaptés tout en ignorant superbement les forçats de la terre, les gens de terrain, et les premiers usagers : les enfants... Car il y aura toujours 24 heures de classe, les enfants resteront toujours aussi longtemps à l'école avec en prime, le mercredi matin....

Le ministre lui, il a compris ce qu'il fallait faire : il veut se présenter à la députation européenne et donc quitter le navire avant qu'il ne soit trop tard.... 
Le courage n'est décidément pas une valeur essentielle de la classe politique. En attendant, il reste une chose qui fait que l'Ecole ne sombre pas (encore?) corps et âmes : c'est l'incroyable conscience professionnelle de ses acteurs de terrain. Mais jusqu'à quand ?
En d'autres termes, tout ça, c'est du brutal, et le contenu de la Réforme me fait vraiment penser au contenu de ma gnôle préférée, celle que l'on trouve dans une certaine cuisine.....


samedi 28 septembre 2013

Dégueulasse

Des mois de silence..... Et pourtant, je n'en pense pas moins, hein, comme disait ma grand-mère, quand je vois ce que je vois, que j'entends ce que j'entends, ben je suis bien contente de penser ce que je pense. Des mois à essayer d'assumer ma fonction (car, non, mon métier n'existe toujours pas, c'est toujours un paillasson sur lequel on s'essuie les pieds.....), et je suis plutôt contente de moi. 
Car oui, aujourd'hui, j'ai décidé de faire de l'autosatisfaction primaire : oui, je suis fière de moi, oui j'ai fait un boulot formidable, oui j'ai réussi à imposer dans le calme, l'humour et la rigueur professionnelle, une certaine façon de faire.
Ooooooh, mais quelle prétention ! Quelle fatuité, voire arrogance ! Que nenni, ce procédé est juste une façon de se protéger contre l'abominable broyeuse hiérarchique qui, ces temps-ci, s'en donne à cœur joie, donnant de l'hydre Education Nationale une image de totalitarisme dans laquelle des petits chefs imbus d'eux-mêmes et fiers de leur pouvoir de nuisance, laminent et détruisent chaque tête qui oserait dépasser, tout en ignorant superbement les appels à l'aide de leurs sujets, les minables enseignants qui portent sur leurs frêles épaules, toute la responsabilité de l'échec scolaire, selon cette même hiérarchie désolante. Oui, cette phrase est longue, mais le nombre de lignes est proportionnel à l'immense colère qui est la mienne, car lorsque je parle de mon boulot formidable, je ne parle pas que de moi, mais de tous les enseignants consciencieux, de tous les directeurs surchargés de travail et à qui on demande toujours plus.
Autour de moi, collègues laminés par cette hiérarchie à la limite haineuse, qui prend des décisions arbitraires et subjectives, inhumaines et, osons le mot car il est le plus approprié, dégueulasses. 
"Qu'est-ce que c'est, dégueulasse ?" demandait Jean Seberg à Jean-Paul Belmondo au temps de sa splendeur dans "A bout de souffle".
Dégueulasse, c'est la saleté, la méchanceté, l'arbitraire, des procédés orduriers, minables, primaires. Une façon de faire uniquement dictée par une certaine forme de frustration, d'incompétence, de jalousie, d'égoïsme.... Donner du pouvoir à des minables qui eux, n'ont de comptes à rendre à personne, on a bien vu, depuis des siècles, ce que ça a donné. 
Oui, je suis formidable, mais il me suffirait d'être une fois, une seule, fort minable, le mammouth me tirerait dessus à boulets rouges, me clouerait au pilori, m'enchainerait dans une charrette tirée par des boeufs pour m'exhiber à la vindicte populaire dans les rues de mon quartier.
C'est ce qui arrive autour de moi et ailleurs, et personne n'est à l'abri.
Alors oui, on parle des violences des élèves ou des parents à l'encontre des professeurs, j'ai personnellement éteint un début de rixe hier soir dans mon établissement, du haut de mon mètre 64, en robe d'été, face à un papa alcoolisé....
Mais parle-t-on de cette violence insidieuse, morale et presque pire car tapie dans l'ombre, de notre hiérarchie dont la multiplicité des corps intermédiaires est sans aucun doute, une des raisons du désastre scolaire de notre beau pays ????
Cette année, de nombreux postes proposés au concours n'ont pas été pourvus, faute de candidats. Mais qui voudrait encore exercer un métier mal payé, pas reconnu, un métier où l'erreur est fatale, un métier que prétendent connaitre les 60 millions d'habitants, un métier où on est seul, désespérément seul lorsqu'un pépin arrive.... seul face à la hiérarchie qui se défoule, se lache, jubile, se gausse et se cache derrière des textes froids et si loin de la réalité.
Heureusement, il y a les minots, les aminches, les parents, la famille. Mais quand le mal est fait, lorsque les fauves hiérarchiques sont lachés, les dégats sont déjà immenses.
I had a dream in 2012.
Ca vire au cauchemar.
Les hyènes rodent, se lèchent les babines, devant les corps à l'agonie de ce qui reste des hussards de la République.
La réussite de tous les élèves ???? L'égalité des chances, à l'heure où on ne parle que de compétitivité, de compétences et de performance ? Vae Victis ! Tout ceci est tellement contradictoire, et les profs sont entre le marteau (la compétition) et l'enclume (l'égalité des chances). Quant aux directeurs d'école, ils sont les pare-buffles, les lanciers au premier rang des batailles, ceux que l'on envoie, pour la gloire, se faire tuer au champ du déshonneur.
Car l'Education Nationale est devenue inhumaine.
Et si on parlait d'équité, pour les élèves et les pédagogues ?
Et si on parlait de confiance, de reconnaissance, de bienveillance, d'empathie, de soutien ?
Et si on réformait vraiment l'Education Nationale, à commencer par tous ces corps intermédiaires qui décident d'actions de terrain dans leurs petits bureaux sans rien connaitre de ce même terrain, et qui eux, en cas d'erreur, sont intouchables, ne rendent de comptes à personne ou presque et touchent, de surcroit, des primes de résultat (qui, au passage, viennent d'être réévaluées....) ? Et si on évaluait réellement les compétences de ces gens-là, monsieur ? Et si on me donnait enfin un vrai statut, et si ma fonction devenait un vrai métier ?
Car je ne peux pas conclure ce billet sur une note pessimiste, le pire, c'est que j'y crois encore, aux antonymes si nombreux de ce mot qui caractérise si bien l'Education Nationale : dégueulasse....



vendredi 8 février 2013

Pour adoucir les moeurs....

Après l'odieux plagiat dont Pam fut l'inconsolable auteur(e) - mon côté féministe m'a fait ajouter le "e", que les assidus lecteurs et lectrices acceptent les excuses toutes plates mais néanmoins revendicatrices de l'auteurE bis repetita placent - elle vous propose, pour entamer ce week-end neigeux et/ou pluvieux (remarquez, il a fait - 40 à Montreal, de quoi se plaint-on, hein) une récréation musicale, découverte très récemment, et pourtant, ce morceau divin a environ 80 ans si ce n'est plus, alors, pour se consoler des 6 mètres de neige à Cauterets (avec un s final, un jour, Pam saura...), de la pénurie de riz basmati qui s'annonce, des Victoires de la Musique de ce soir avec Céline Dion, des commentaires toujours plus débiles des internautes du Figaro sur le net (Pam vous conseille ce genre de lecture si le second degré vous parle, c'est de toute beauté), des plaquettes de frein à changer sur la Skoda de 15 ans d'âge, de la commission européenne, de la Banque Centrale Européenne, entité complètement indépendante qui régit nos vies, de la putain de caméra sur le nouveau feu du carrefour d'à côté, du constat effarant concernant la rémunération des cadres A professeur, cadres A les plus mal payés de la fonction publique, bref, au lieu de faire un suicide collectif dont les conséquences seraient désastreuses, pensez, tous ces gens formidables qui rendent la progéniture un peu moins corvéable et fascinée par les multinationales débilitantes (ouh la, il est temps que votre serviteur se fende d'un billet sur l'usage des adjectifs épithètes), donc..... ouf..... Inspirez, respirez, poussez !!!! Non.... c'est une blague.... soupirs...

On se pose un peu, là, parce que, ce qui suit est tellement beau que les mots manquent.
Hélène Grimaud, quand elle ne danse pas avec les loups, émeut avec les touches de son piano... Mais Martha Argerich, ou Leonard Bernstein sont tout aussi merveilleux, sans doute parce que, ce 2è mouvement du concerto pour piano en sol de Ravel (le gars du boléro) est .... à vous de trouver, non pas les épithètes, mais les attributs idoines (Pam est ravie d'enrichir le vocabulaire de ses lecteurs, au passage....)

Assez parlé, attention chef d’œuvre.

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mercredi 6 février 2013

Fracko

Y a des gugusses, pas forcément de Montauban, qui écrivent des choses si justes que je n'ai besoin de rien rajouter, si ce n'est une vieille chanson qui raconte aussi très bien ce que nous zotres, forçats de la Terre, devrions tous faire un jour, bientôt, tout à l'heure, bref très vite.






Pas de burn out en ce qui me concerne, juste une très grosse envie d'attraper les huiles par leur col blanc, de les coller juste une demi-journée à mon bureau, et l'autre demi-journée dans la classe. Juste pour voir.