samedi 15 décembre 2012

Armaggedon

Oui, les Mayas ont raison : la fin du monde est proche. Bon, là où on peut douter, c'est au sujet de la date (même si on y a le choix, merveilleuse contrepèterie...), faut quand même pas pousser Mémé et l'eau du bain avec les orties, à moins que ce ne soit l'inverse. Pam vous prévient tous, ce billet sera des plus déprimants....il faut se préparer au pire qui arrive à grands pas si rien ne change bientôt.



Car nous voyons débouler dans nos écoles, de plus en plus d'enfants victimes de ce que Claude Halmos appelle carrément "maltraitances éducatives", des enfants peu éduqués, sans réel cadre, et ceci devient tellement grave que cela apporte son lot de dommages collatéraux, vocabulaire pauvre, pensée réduite à portion congrue, donc violence verbale et physique. Dans le meilleur des cas, on arrive à communiquer avec les parents, on essaie de trouver des solutions, des aménagements. Mais hélas, souvent, il est bien difficile de rencontrer les parents pour qui l'Ecole, c'est parfois le souvenir d'un sale moment passé quand ils étaient gosses eux-mêmes. Comment alors, instruire ? Comment alors, enseigner les joies mathématiques ou les bonheurs de la langue française consignés dans un carcan de règles à respecter si les enfants n'ont pas de cadre, pas de règles de vie ? 


Mais le plus inquiétant, c'est tout de même cet appauvrissement croissant du langage. Quand j'officiais encore en maternelle, au temps des cavernes, je me souviens de ces enfants de 4 ou 5 ans qui ne parlaient pas mais grognaient, ces enfants sans langage structuré, qui fouillaient dans les poubelles pour manger les miettes ou qui essayaient d'attraper le poisson rouge du bocal pour le béqueter.... Bon, c'est une image horrifiante qui n'est pas légion, certes, mais ces gamins à qui on n'a pas appris le langage, que l'on a collé dès le plus jeune âge devant la télé et qui, plus tard, à 8 ou 10 ans, ont tous un compte Fesse Bouc mais sont incapables de trouver le point sur un clavier d'ordinateur, et bien pour ces gamins-là, on pourra toujours réformer, refonder, changer ceci ou cela, transformer les contenus, les alléger, cela sera peine perdue : à partir du moment où les structurations mentales n'ont pas été mises en place et en présence d'un désert éducatif, ces gosses-là risquent fort d'entrer dans la spirale infernale de l'inadaptation sociale. Alors, me direz-vous, il y a les ITEP et autres ULIS pour ça. Sauf que, avec la formidable loi sur le handicap de 2005, les établissements spécialisés accueillent de plus en plus de fous furieux, puisqu'on nous demande à nous, d'intégrer, à coup d'AVS sous-payés, pas formés, et de de dossier MDPH (ex COTOREP) bancals, tous les enfants de la Terre ou presque.

Le problème, ce n'est pas l'Ecole en elle-même, mais toute la société. L'Ecole est à l'image de ce qui se passe à l'extérieur de ce qui devrait être un sanctuaire mais ne l'est plus, à force d'avoir tapé sur elle, de l'avoir rendue responsable de tous les maux de l'univers, à force d'avoir dénigré les enseignants, de continuer à les mépriser (tiens, ça fait longtemps qu'il n'y a pas eu de fait divers genre "un parent casse la gueule au prof parce qu'il avait grondé la chair de sa chair")
Tout ça pour dire que, instruire bien sûr, mais l'éducation bon sang, l'éducation.... Mais comment faire si à l'extérieur de l'Ecole, c'est la jungle ? Comment enseigner à des gamins sans imagination, sans mémorisation suffisante, sans structuration mentale suffisante, sans règles, sans éducation suffisante ????? Et je ne parle même pas des enfants vivant dans des familles problématiques, à risque (réfugiés politiques, économiques, familles monoparentales, sans boulot), ceux-là, même s'ils sont éduqués sont parfois tellement parasités par leurs problèmes qu'apprendre est compliqué. 
Alors ? Alors.... Oui, en Finlande on a bien compris comment faire, mais  ils sont 13 fois moins nombreux, et surtout, au lendemain de la deuxième guerre mondiale, ils ont fait table rase de beaucoup de choses, ils ont, non pas reconstruit leur pays après des décennies d'occupation étrangère, mais construit un autre pays, en se basant sur les erreurs du passé....  
On pourra toujours replâtrer  réformer, c'est toute la société qui est malade : et je finirai en évoquant une très belle discussion que j'avais eue il y a quelques temps, avec des potes, dans un coin perdu des Pyrénées, où il était question de ce quelque chose qui disparaît  et c'est ça le fond du problème : c'est la perte de la transmission et la disparition progressive de la mémoire collective. 


Alors, devant ce constat désolant, on ne peut que se dire que, oui la fin de notre monde est proche, l'humanité, déjà mise à mal par toutes les horreurs dont sont remplies les livres d'histoire, massacres, génocides, arbitraire, humiliation, l'humanité donc, est de moins en moins prête à mener ses propres enfants vers le futur, cette humanité ni ne forme ni ne transmet, ni ne donne d'avenir à son avenir.

J'ai du coup décidé de m'adapter à ce monde qui s'effondre en n'enseignant plus que le présent de l'indicatif et la phrase simple sujet verbe complément, à quoi bon les quelconques précisions, adverbes, compléments circonstanciels puisque demain ne sera plus, sans visage, sans espoir autre que celui de posséder un Ipad ou le dernier Iphone. Mais pour cela, certains sont prêts à tout, même à vendre un rein sur internet.... La Raison, celle pour laquelle les philosophes se sont battus, n'est plus qu'un vague concept ringard.

Le changement, c'était maintenant. Ils ont fait l'école du rire, les gens qui ont pondu ça.

Heureusement, il me reste mon satané optimisme, le Margaux, l'humour et l'esprit critique.

Promis, la prochaine fois, sous les gravats de l'Apocalypse, je pondrai un billet plus rigolo, même si c'est à coups de signaux de fumée.

Restez en vie malgré tout, car il n'y a pas que le massacre des innocents, le danger est partout....



mardi 13 novembre 2012

Another day in paradise

Ca a commencé par la famille kosovare chrétienne serbophone que j'ai reçue dès potron-minet dans mon bureau (dans lequel j'aurais mieux fait de ne pas aller).... Leur fils avait soi-disant été griffé par le fils d'une autre famille kosovare, mais albanophone et musulmane.... La guerre du Kosovo se poursuit dans les HLM, le traité de paix n'a pas été signé on dirait...
Ah oui, j'avais oublié le petit Sidoine, scolarisé en établissement, et qui viendra une fois par semaine dans ma classe. Bienvenu, petit.
Après, il a fallu accueillir des petits nouveaux, des Arméniens et des Albanais, sans-papiers bien entendu, dont les parents ne parlent pas un mot de français, les présenter aux maîtresses, les accompagner, ah oui, bonjour Madame, vous apportez le goûter d'anniversaire de votre fille, et bien montez va, et occupez-vous deux minutes des élèves, j'ai à faire....
Puis il a fallu expliquer au collègue débordé et dépassé que, non, on n'écrit pas de courrier à la hiérarchie sans m'en avertir, ça fait désordre, pour signaler une situation mainte fois signalée.
Comment ? Il fait 15°C au premier étage ? A-t-on purgé les radiateurs ? Vite, signalons l'urgence.... Et supportons toute la matinée, les coups de burin sur la tuyauterie, c'est trop fun.
Plus tard, il a été question d'arrêter la transformation de la cour en cirque romain dans lequel un public excité clamait son envie de sang, de chique et de mollard. Dans un tel cas, il est intéressant d'avoir une grosse voix qui porte, ça marche à tous les coups. 
Entre temps, un bisou par ci, une remontrance par là, une explication de recette de gâteau, des choses qui font du bien.
Il a bien fallu gérer aussi le goûter d'anniversaire évoqué ci-dessus et trouver des gobelets, sans oublier auparavant de faire chanter les élèves de la collègue attaquée par une migraine et qui non, vraiment non, ne pouvait pas supporter un quelconque bruit. Arriver à ouvrir la porte de la salle de musique dont la serrure est grippée, maintes fois signalée cette serrure d'ailleurs. Et ne pas oublier que Sidonie est allergique à l'arachide, alors non, mon enfant, tu n'auras pas droit au gâteau à la banane de ta copine.
Le soleil commençait à décliner lorsque le destin me mit devant le fait accompli et me fit recevoir la proviseur du lycée d'à côté parce que, ô joie, nous allons avoir un exercice Richter dans le secteur, avec plein de trucs qui vont nous arriver, 3 minutes sous les tables à attendre que l'école s'écroule sur nous, puis évacuer les morceaux, attendre les consignes de la préfecture qui nous a promis un scénario du tonnerre au cour de la matinée, avec pompiers, SAMU, gendarmerie à la clé, je me demande juste comment contenir ma horde d'enfants ce jour-là s'il pleut, grêle ou s'il fait froid....
Et puis le mel du responsable éducation de la mairie qui me pose des questions auxquelles j'ai déjà répondu 5 fois, mais qui ne répond jamais à mes questions à moi.
Et le téléphone qui sonne toutes les 5 minutes.

Et pour terminer, la réunion finale, avec installation d'écran, vidéoprojecteur, ordi, présentation de plein d'outils informatiques devant le regard ébahi des collègues.
A 20 heures, j'ai dit : "J'en ai très marre là, on s'arrête ?" 


Accessoirement, j'avais aussi une classe d'élèves toute la journée. Et il me reste 24 cahiers à corriger.

La femme tricéphale-poulpe, c'est moi.

Parfois, j'aimerais être un légume. Juste quelques instants.


Et vous, vous préférez quoi ?

samedi 27 octobre 2012

TV Glotzer

Les frimas de l'hiver qui arrive ayant subitement chassé la douceur anormale d'un été qui s'étendait un peu trop au gout des pensionnaires du deuxième étage de l'école où je sévis, dans la mesure où les fenêtres sont exposées plein sud ET ne sont pas double-vitrées, alors du coup, vous comprenez, quand il y a du soleil, les classes se transforment en étuves que les rideaux de 30 ans d'âge qui se décrochent inexorablement ne protègent en aucun cas, les frimas donc, ceux-là même cités plus haut, ont un avantage certain : ils ont annoncé le début de la première grande et véritable récré bien méritée de cette année scolaire qui commença il y a environ 6 mois 6ans longtemps. Premier jour de vacances : il pleut et il fait froid. Mais ça ne fait rien, de toutes façons, votre Polythene Pam préférée étant dans un état proche du végétatif irréversible, n'aurait sûrement pas profité d'un soleil pourtant réparateur car l'objectif numéro un est de se requinquer afin d'être capable d'affronter la suite des nombreux évènements qui ne manqueront pas d'arriver dès que la brise sera venue. Il n'empêche, le lecteur et la lectrice attentifs auront remarqué que la vivacité d'esprit qui caractérise votre serviteur (et fait gonfler ses chevilles certes, mais je maîtrise parfaitement l'autosatisfaction primaire, absolument essentielle dans notre métier) est toujours présente : big up pour la performance, comment, quoi, quelle performance, mais enfin, lisez mieux voyons, 15 lignes et seulement trois phrases !

Je me désespère moi-même assez régulièrement puisque je ne trouve pas encore assez de temps pour narrer les tribulations diverses et variées de l'établissement que je parcours en long, en large et surtout en travers depuis fin août. Et pourtant.... De petites tranches de vie en anecdotes croustillantes (ou désolantes, c'est selon), je pourrai écrire une nouvelle Comédie Humaine version trash XXIè siècle sans problème.
Objectif numéro un : trouver un rythme de croisière afin de ne pas sombrer dans l'immonde métro auto boulot dodo de mise depuis quelques semaines, histoire de ménager du temps pour les choses importantes de l'existence, les trois B toujours (pour une explication détaillée, m'envoyer un mel), l'enrichissement intellectuel et le témoignage des petites choses de la vie.

Donc, les semaines à venir devraient ressembler à ça.




Mais parce qu'il sera question de victimes collatérales de la crise, de la guerre, de la société, de la bêtise, de la méchanceté humaine, j'ai décidé de viser haut dans ma préparation psychologique nécessaire : je vais faire défiler toute ma vie, depuis ma période pré-pubère jusqu'à aujourd'hui, en allant sauter et hurler avec ma vieille copine qui m'accompagne depuis plus de 30 ans. OK, nous avons vieilli toutes les deux, mais malgré mes hésitations, je prendrai ce qu'il y a, la folie, le délire, la musique, l'ambiance, et même s'il me faudra un massage après et sans doute plusieurs jours pour m'en remettre, je me réjouis d'aller voir et écouter Nina Hagen, même si la voix n'est plus la même.

Qui a dit qu'il ne se passait jamais rien dans le Sud Ouest ?

Qui vient avec moi ?




Einen recht schönen Guten Abend, meine Damen und Herren....

lundi 17 septembre 2012

Elles s'appellent Françoise ou Isabelle

Dans le monde merveilleux du mammouth, il y a des gens qui ont des histoires déconcertantes. Prenons Françoise* par exemple.
Elle travaille à temps partiel en tant que directrice dans une école rurale, mais comme son temps partiel est un peu particulier, elle travaille trois jours par semaine et doit un certain nombre de jours dans l'année à l'institution, elle fait donc quelques remplacements. En général, elle assure ce que l'on appelle des décharges de direction, c'est à dire qu'elle prend une classe d'un directeur ou d'une directrice qui n'a pas de temps imparti pour faire le boulot administratif, ce qui laisse aux susnommés, quelques heures pour se coltiner les tableaux excel et autres joyeusetés académiques mais néanmoins obligatoires. Du coup, la Françoise a proposé à son gestionnaire d'assurer elle-même sa propre décharge sur son temps partiel, tant qu'à faire, au moins elle saurait quoi faire plus rapidement. Que nenni, lui répondit son gestionnaire, ce n'est pas possible. Pourquoi, s'enquit Françoise, bien étonnée de ce refus. "Ben, c'est le logiciel, il n'accepte pas que l'on inscrive le même nom, l'un dans la case direction, l'autre dans la case décharge"..... 
L'image suivante résume parfaitement la réaction de Françoise.


Quant à Isabelle*, c'est encore un autre affaire.... Isabelle est AVS à l'école où Pam sévit. AVS, ça veut dire "accompagnement de vie scolaire", qu'en termes élégants ces choses-là sont dites pour qualifier des gens sans qualification qui accompagnent un ou deux enfants handicapés dans les écoles, en général 20 heures par semaine, pour le mirobolant salaire de... 600 euros.... Ces salariés n'ont aucune formation, aucune connaissance du handicap, aucune perspective d'embauche en CDI (ce sont des CDD, reconductibles une fois, et après, ciao tutti !), aucune perspective de carrière, bref, une honte supplémentaire à accrocher aux défenses désuettes de notre mammouth adoré. 
Isabelle est titulaire d'un DEA (aujourd'hui, on dirait master 2).

Mais c'est en archéologie.
Alors y a pas de boulot pour ce genre de gens qui ne rapportent rien en terme de sous-sous pour la Nation reconnaissante.


Alors elle a signé un contrat de merde.
Et pour s'assurer un avenir un peu plus radieux, elle prépare un concours.

Celui d'instit.......
Et peut-être qu'un jour, elle sera à la place de Françoise, et qu'elle ne pourra même pas assurer sa propre décharge.
Alors Pam arrête là pour aujourd'hui, c'est vraiment trop déprimant, pourtant, elle aurait bien raconté les tribulations de Monique*, EVS à l'école.... Ce sera pour une autre fois.
A vot' santé, M'ssieurs Dames !

* Les prénoms ont été changés, bien sûr.....

Et pour finir dans la joie, une merveille à redécouvrir, pour les amateurs et amatrices de rosé bien frais....
Bien frais, bien agréable !



dimanche 9 septembre 2012

Bon, alors, ce changement, il arrive ?

Déjà 4 mois que l'école a repris. On me dit dans mon oreillette que, non, ce n'est pas 4 mois, cela fait moins d'une semaine.... Pourtant, mon bureau ressemble déjà à la forêt amazonienne, les parents se castagnent déjà au portail (c'est la chaleur, sans doute), j'ai annoncé que, pour les choses urgentes, il fallait attendre un quart d'heure, que pour les choses impossibles, ça risquerait de prendre un peu plus de temps et les choses que je devais faire la veille pour l'avant-veille sont déjà reportées aux calendes grecques.
Je zone pas mal dans les loooooongs couloirs de l'école, rasant les murs pour ne pas me faire alpaguer par un quidam en errance et à problème qui croit toujours que c'est moi, Pam, day tripper dirlette, qui a, forcément, la solution à son problème justement, problème qui, au demeurant, est toujours une source d'étonnement au vu de sa diversité : la machine à café fuit, qu'est-ce qu'on fait ? Madame, j'ai vomi dans mon cartable, qu'est-ce qu'on fait ? Mes commandes de stylos à encre rose fuchsia ne sont pas arrivées, je ne peux pas travailler, qu'est-ce qu'on fait ? Melpomène n'est pas inscrite sur la liste que tu m'as donnée, qu'est-ce qu'on fait ?  La clé du placard à balais du 2è étage a disparu, qu'est-ce qu'on fait ? Il manque 1000 euros pour boucler le budget voyage scolaire, qu'est-ce qu'on fait ? Mon mari s'est tiré avec notre voisine de palier, qu'est-ce qu'on fait ?
Tout le monde sait que "on est un con" (le féminin de on étant onne, qui est donc une conne), on et onne, dans l'univers merveilleux, c'est toujours la même personne. Là, en l’occurrence, c'est bien sur Mme la Directrice, dont le métier n'est même pas reconnu par un quelconque statut....
Oui, assidue lectrice, étonné lecteur, tu as bien lu : la bonne à tout faire, le couteau suisse humain qui gère le portail, le téléphone, les larmes en tous genres, la paperasse, Internet, le personnel, les élèves, les parents, les élus (aaaaaaaah, les élus.....), les livraisons, les réunions, le toner de la photocopieuse, la cartouche de l'imprimante, les petits oignons, le saucisson et les cornichons, et bien cette Shiva des temps modernes n'a aucune reconnaissance institutionnelle. 
Il paraîtrait que le changement, c'est maintenant. Dans mon oreillette, on me dit aussi qu'une refondation de l'école serait en cours. Pour l'instant, je ne vois que la route qui poudroie et le bitume de la cour qui chauffoie, et je n'ai pas entendu notre bon ministre dire que, pour revaloriser l'école, il faudrait d'abord apporter de la reconnaissance au personnel enseignant, et aux directeurs et directrices d'école en particulier, reconnaissance qui passe par les cases salaire, formation et statut pour Pam et ses acolytes, forçats du mammouth. 
Mais mais mais mais, méfiez-vous, c'est un truand, chantait Dutronc (pas Thomas, l'autre, le vrai). C'est ça, pour l'heure, j'ai la sale impression d'être dans une truanderie sans nom, puisque les voeux restent pieux pour l'instant et les problèmes urgents à régler (les mêmes que je dois régler dans l'heure) deviennent des problèmes impossibles (ceux que l'on me demande régler après les choses urgentes). Et à l'impossible, nul n'est tenu. La raison à cette volte-face, ben c'est la crise ma brave dame !
En attendant, des créatures polymorphes avec plein de bras et de cerveaux, errent toujours dans les établissements scolaires et veillent à ce que le mammouth reste encore un peu en vie. Mais là, la pauvre bête est sous assistance respiratoire, avec plein de tubes partout, et comme il y a régulièrement des coupures de courant et que le groupe électrogène est en panne (vous avez vu le prix du carburant ????), il faut pomper, pomper et pomper.
Bref : j'en suis arrivée à la conclusion suivante, nous sommes gouvernés par des Shadoks. Remarquez, dans un sens, c'est pratique pour la profession, l'enseignement shadok se résumant à l'apprentissage des syllabes GA BU ZO et MEU.
Pour ma part, ce n'est qu'à partir de 2 grammes que je suis en mesure de faire des anagrammes à partir de ces 4 syllabes.

Zum Wohl !



samedi 25 août 2012

Faux départ

Il semblerait temps, alors que les chaleurs aoûtiennes s'estompent lentement, que Polythene Pam retourne au turbin. C'est ce qu'elle fit, hier, pleine de bonne volonté.
L'amoncellement de choses à faire avant l'arrivée des hordes enfantines et professorales nécessitant une certaine anticipation, tout se passa normalement jusqu'au moment où les drames survinrent : dans son nouveau bureau, il n'y avait ni téléphone, ni internet et encore moins de clé de boite aux lettres. L'imprimante n'avait plus d'encre et les listes papier ne correspondaient pas aux listes du disque dur (au moins, l'ordi fonctionnait...). Elle s'aperçut également que la photocopieuse se trouvait à l'autre bout du bâtiment et que les poubelles n'avaient pas été sorties, donc pas vidées.
L'année scolaire commence donc on ne peut mieux, dans une procrastination subie (lectrices, lecteurs, je vous invite à placer ce mot dans votre prochaine conversation, ça en jette, hein ????), Polythene Pam va retourner à la plage, ramasser des coquillages et des crustacés : les éléments ont décidé une prolongation de la farniente, Polythene Pam a donc le temps d'apprendre la chorégraphie de sa chanson fétiche du moment, histoire que, le jour de la vraie rentrée des classes, juchée sur une poubelle non vidée, tenant dans une main un téléphone inutilisable et dans l'autre des listings obsolètes, elle puisse donner, aux élèves et à leurs parents, le ton de l'année scolaire qui s'annonce. Heu, Polythene aurait besoin de deux danseuses pour l'accompagner, qui veut bien ?



mardi 3 juillet 2012

La quille....

Le calme avant la tempête.... Ouuuuuiiiiiii, c'est Broadway dans deux jours (que celles et ceux qui ne connaissent pas Reiser se verse un seau de suie sur la tête, c'est tout ce qu'ils méritent), mais avant de bronzer à Acapulco en juillet, puis à Honolulu en aout (avec un intermède au spa de Jo'burg, j'ai besoin de drainer mes lymphes), faut boucler la maison qui m'a accueillie pendant 8 ans (8 ans de bordel travail à caser dans des cartons, ciel...), nettoyer l'ordi, virer les pièces à conviction compromettantes, avant de prendre mes quartiers dans la nasse le boulet enfin donc, le groupe scolaire dont personne ne veut..... Mais j'ai toujours eu une âme de chevalier blanc, de redresseur de torts, alors vaille que vaille et roule ma poule !
Cot cot cot codec et bonnes vacances aux fainéants du mammouth et aux autres, ceux et celles qui ont un vrai travail, et à dans deux mois pour de nouvelles aventures qui, n'en doutons pas, seront forcément passionnantes....
Bon, un peu de bonheur avant de partir.....


lundi 25 juin 2012

Basse saison

Alors que Pam se demande comment elle va finir l'année scolaire, une anecdote lui fait se demander une fois encore si ce monde est sérieux.... En effet, au détour d'une banale conversation de récré, elle apprit, tout à fait par hasard que Chilpéric, garnement sans foi ni loi, ne finirait pas l'année scolaire, lui. Il est de bon aloi de préciser que l'angelot cité plus haut, ne fait pas vraiment partie des surdoués, encore moins des besogneux qui, malgré une enfance rendue difficile par l'absence douloureuse de Playstation, de BMX et de skis free-ride avant l'âge de 5 ans, savent ce que faire des efforts veut dire, bref, non, Chilpéric n'est pas de ceux-là. Il a toujours tout obtenu sans effort, sans respecter de règle, qu'elle soit de vie, de conduite ou d'orthographe. Alors, le jour où il s'est frotté à Pam, son petit monde où il était le roi, mu par une toute puissance absolue, et ben son monde s'est sérieusement effrité. Toute l'année, il a fallu que ce pauvre être si fragile trime, apprennent ses leçons (horreur !), fassent ses devoirs (abomination !), respecte un tant soit peu ses petits camarades (sacrilège !), mais surtout, il a fallu que ce pauvre martyr voient ses parents se rendre enfin compte que leur merveille des merveilles ne s'en sortirait pas s'il ne se mettait pas un jour au boulot et se sorte les doigts du fondement. Quel traumatisme !
Pam croyait avoir gagné, une fois de plus. Mais las ! La phrase qui tue, un jour donc, dans une cour de récré:
- Au fait, maîtresse chérie adorée (oui, c'est ainsi que Pam se fait appeler, ça lui rappelle le bon vieux temps où elle était jeune, belle, désirable, courtisée. Aujourd'hui, elle n'est plus que belle. Soupirs...), je fais ma dernière semaine à l'école.
- Ah bon ? Mais il restera encore 2 semaines après cette semaine, comment cela se fait-il donc ?
- Je pars en vacances.
- Mais personne ne m'a mise au courant, mon petit Chilpéric, qu'est-ce donc que cette histoire, cornebidouille, nom d'une pipe, flûte et zut alors (oui, Pam n'a pas le droit de dire devant des mineurs qui sont placés sous sa responsabilité, ce qu'elle pense vraiment. Si toi, lecteur adoré, lectrice aimée, tu as plus de 18 ans, voici la version trash : putain de merde fais chier bordel de merde à queue, ouf, ça fait vraiment du bien), donne-moi donc ton cahier de liaison que je puisse m'enquérir auprès de tes parents, de ce qui se tramerait dans ta maisonnée (version gore : donne-moi le torchon qui me sert à brailler sur tes connards  de parents qui me gonflent sérieux là, à jamais rien me dire, prenant l'école pour une joyeuse garderie, espèce de p'tit crétin dégénéré !)

Pam n'eut pas de réponse par écrit, mais de visu : le père du merveilleux chérubin à sa mamamouneste en sucre vint en personne déclamer la tirade suivante :
- Ah oui, nous avions oublié de vous prévenir, mais vous savez, je n'ai eu une réponse pour mes congés que la semaine dernière (et son nez s'allongea....), et puis, vous comprenez, on préfère prendre nos congés hors-temps scolaire, c'est moins cher..... 

Bon sang mais c'est bien sûr ! Voilà ce que Pam devrait faire, partir en basse saison !
Elle va de ce pas faire un courrier à sa hyène chef, elle est sûre que l'argument sonnant et trébuchant sera recevable et donc accepté. Comme ça, plutôt que de s'entasser au camping des Flots Bleus avec des collègues qui causent boulot toute la sainte journée, ben elle ira à l'Oasis des Pyramides.

Ben oui, parait qu'il y a des soldes touristiques en Egypte, autant en profiter, surtout si le pinard est compris dans le package car, pour oublier que l'éducation d'un enfant est passé au second plan dans bon nombre de familles, il ne reste plus que le Lexomyl ou l'alcoolisme.

Pam a choisi. Santé !


mercredi 23 mai 2012

Musca domestica et pollen en si majeur

Les frimas de l'hiver s'étant prolongés sans doute à cause du réchauffement climatique (sisi, c'est scientifiquement prouvé, enfin bon, les créationnistes disent que c'est une punition divine, chacun choisira l'explication qui lui conviendra, Pam est définitivement pour la paix des ménages), donc, il est temps d'en tirer des conclusions, de coucher le tout dans un tableau excel, histoire d'avoir des données qui pourront servir d'indicateurs précieux, surtout si on travaille à partir de médianes et de quartilles. Mais je m'égare, il ne sera nullement question de mammouth aujourd'hui, alors faisons fi du jargon intrinsèque à la Maison qui Rend Fou (et surtout folle en ce qui me concerne).
L'avantage d'avoir dû rallumer le chauffage un 20 mai (il a fait 4°C la nuit précédente), est l'absence de deux phénomènes terriblement irritants : musca domestica, autrement dit la mouche domestique, et le vol désordonné de pollen.
Musca domestica est une calamité saisonnière qui s'abat, tel le chancre mou sur le mari volage ou le désespoir sur l'ado lorsqu'il constate qu'il n'a plus de forfait pour envoyer ses textos, sur nos maisonnées rurales, surtout si celles-ci sont proches de prairies où paissent des bovidés, ovins et autres bêtes à cornes qui n'ont qu'à lever la queue pour faire leurs besoins, surtout en marchant (ça fait rêver...). Non seulement, musca domestica se régale des déjections multicolores des ruminants, mais en plus, elle vient envahir les masures avec ses copines, pourrissant de ses pattes dégueues, tout ce qu'elle piétine. Mais le pire, le pire..... ce sont ses déjections à elle, minuscules taches noires indélébiles qui tapissent tout ce qui est blanc, nappe, vêtements propres qui sèchent dehors, cadres de fenêtre..... Va pour le charmant "bzzzzzzzzzzzzzzzzz" dans les oreilles lorsque Pam essaie de faire la sieste... ou les guiliguilis sur une jambe fraichement épilée... Mais les cacas de mouche, alors là, ce n'est pas possible.
Le budget insecticide est énorme et enfle d'année en année, les baies vitrées se couvrent d'autocollants empoisonnés, certes efficaces, mais terriblement laids, et générateurs de tas de mouches à leur pied. Mais le plus beau, c'est le papier tue-mouche, accroché au plafond à l'aide d'une punaise dans les cuisines rustiques : quel merveilleux spectacle que celui de ces dizaines d'étrons noirs, englués, à l'agonie ou déjà trépassés, ça ouvre l'appétit....



A cette invasion pénible s'ajoute le doux vol du pollen en délire qui attaque nez, yeux, bronches ou épidermes des malheureux allergiques, et donc de Pam en polythene. Quelle joie de se transformer en lapin albinos dès les premières attaques perfides de dactyle ou de pollen de tilleul ! Yeux rouges, nez transformé en groin, éruptions cutanées, l'évolution Pokemon de Pam est absolument effrayante.



Ben justement, cette année, comme ça caille, mes aïeux, rien de tout cela n'est encore arrivé..... Du coup, le concert de hurlements, bruits de tapettes à mouche, éternuement, n'a pas encore eu lieu.

Il est juste reporté. Et là, ça risque d'être terrible, puisque, Pam le sait, des cohortes de Musca domestica et des tonnes de pollen attendent leur heure, dès que les températures seront en hausse, tout cela sortira de sa délicieuse torpeur, pour envahir maisons, bien-être intérieur, copuler dans la joie sur le canapé crème en crottant gaiement, tapisser les cornées et les bronches d'allergènes qui ne génèreront que prurits et mauvaise humeur.

Vivement l'hiver, finalement, hein !







mardi 15 mai 2012

Passation de pouvoir

Oui...
Aujourd'hui est un grand jour pour la nation.
On se passe les pouvoirs.
Dans les ors de la République (irréprochable, normale, assainie - barrer les notions inutiles -), sans parapluie, en tenant son amoureuse par la main (comme c'est mimi), et après, l'héritier fait le tour du quartier, simplement, à la bonne franquette quoi....

Mais c'est aussi un grand jour pour Polythene Pam.
Pour de sombres raisons que seule elle connait, elle a décidé de troquer un boulot plan-plan (trèèèèèèèèèèès plan-plan) contre un autre, méga galère. 
Mais elle l'aura voulu. Cherché. Avec les dents (si si, Pam mord parfois). 

Good Day Sunshine !!!!


Heureusement que Pam a une super copine pro en traitement de texte, comme ça, tout est justifié, le boulot comme le texte....

mardi 8 mai 2012

6 mai, et après ?

Le suffrage universel vient de remercier Luc Chatel, DRH parce que je le vaux bien, et ses amis. 5 ans de réformes sensées redonner corps (et âme ?) au mammouth en péril et qui, au final, n'ont apporté que labeur supplémentaire et résultats pédagogiques désastreux (aaaah, au moins, on aura fait des économies !!! Youpi !), paperasse surnuméraire, disque dur d'ordinateur plein de tableaux Excel et de médianes, en passant par la Lorraine avec mes sabots, ho ho ho.
Très bien. Un Etat qui ne considère pas l'éducation de ses enfants comme essentielle et prioritaire ne pouvait pas perdurer de la sorte.
N'empêche.
Cela fait très longtemps que mon animal de compagnie préféré, mon mammouth donc (j'ai bien fait d'avoir acheté 2000 m2 d'herbe à vache, ça mange ces choses-là !!!), est malade. Très malade. A force de l'assommer à coups de réformes, nouveaux programmes (voyons, les nouveaux programmes, depuis 1989, je compte : on doit en être à 4 moutures, sans que jamais les précédentes n'aient été évaluées... Il y a de quoi en perdre son latin et la tête), nouveaux décrets, obligations, directives, même les malheureux forçats du terrain ne savent plus où donner de la tête puisque, en un peu plus de 20 ans, on leur a demandé d'instruire et d'éduquer l'avenir de la Nation à coups de français, de calcul et d'instruction civique, mais on a rajouté en plus une langue étrangère, l'informatique (rappelez-vous, les Dell de 20 ans d'âge et Windows 98), l'histoire de l'art, la littérature de jeunesse, les sciences expérimentales et deux heures sport par semaine. Et en plus, "on"a inventé Base Elèves, Affelnet les PPRE, les PPMS, le DURER (lectrice, lecteur, je te sens tréfaillir ! Non ! Reste !), tout un tas de machins administratifs pénibles et souvent inutiles.....Le problème, c'est que, comme le temps n'est pas extensible lorsque nous ne voyageons pas à la vitesse de la lumière, ce qui semble être le cas en ce qui me concerne, il a fallu faire des emplois du temps extraordinaires, puisqu'une journée de classe devrait faire 8 heures en 6 heures. De plus, grâce à un merveilleux ministre dont je tairai le nom, nous avons droit, en primaire, à la semaine de 4 jours, ce qui, par conséquent, doit nous obliger à faire 26 heures en 24, tout en trouvant du temps pour remplir des tableaux de données et indicateurs . Et, cerise sur le gâteau, ce même ministre a été à l'origine de la disparition programmée des maîtres spécialisés, ceux-là même qui prenaient en charge les mouflets en grande difficulté, remplaçant ces tristes sires par deux heures d'aide personnalisée hebdomadaires, effectuées par des profs lambdas. Super ! Ainsi, on rajoutait deux heures dans la semaine en plus à des gamins déjà dans la panade, quelle bonne idée !
Moralité, 4 ans après, c'est toujours la cata au niveau des résultats, même si les évaluations nationales, autre propagande gouvernementale, prétendaient le contraire.
Alors ? Alors !
Pam est toujours aussi consternée, car les problèmes perdurent :
- oui, le niveau baisse
- oui, plein d'enfants partent en 6è sans bagage nécessaire pour le secondaire. Mais comme la loi nous oblige à nous "débarrasser" des élèves de 12 ans, il n'y a rien d'autre à faire.
- oui, il y a encore des enseignants désastreux, minables et dangereux (ouh la ! Pam va encore se faire des amis....)
- non, l'Ecole ne peut pas, toute seule, pallier les carences éducatives de certaines familles, sans jeter l'opprobre à ces mêmes familles, en fait, faudrait de l'aide quoi...
- non, tant qu'il n'y aura pas de réel soutien de la hiérarchie, les clampins du terrain ne pourront pas faire grand chose pour venir en aide au marmot en détresse .
- non, tant que les directeurs d'école n'auront pas de statut reconnu, ils ne pourront pas faire leur boulot correctement.... Car, sache, maman, papa, que le directeur que tu perçois comme le chef de l'école où tu déposes chaque matin la chair de ta chair, le sang de ton sang (ou pas), bref, la prunelle de tes yeux, donc, ce directeur, ou cette directrice, n'a aucun statut juridique, il n'existe pas, il n'est qu'une fonction, corvéable à merci... Il n'a aucun pouvoir si ce n'est de se coltiner les emmerdes, car dans ce cas précis, on a toujours besoin d'un bouc émissaire.
- oui, la même hiérarchie citée plus haut, privée de crédits, se déleste sur les sous-fifres dont Pam fait partie, lui faisant faire de plus en plus de boulot administratif, alors qu'au départ, Pam est Prof, pas secrétaire.....
- oui, l'éducation devrait être LA priorité nationale, car si l'avenir d'une société n'est pas pris en compte, que dire..... sinon relire Hugo, Marx ou Spinoza....
- non, l'Ecole ne peut pas être organisée comme une entreprise, puisque les variables d'ajustement sont des humains, différents les uns des autres d'année en année... Nos collègues anglo-saxons l'apprennent à leur dépends depuis plusieurs années, et revendiquent un retour à une certaine "humanité"...
- non, les évaluations, telles qu'elles sont organisées depuis 4 ans, ne servent pas à grand chose, si ce n'est à faire un pseudo classement des écoles, et dans la mesure où, comme disait un certain inspecteur, "ce n'est pas en pesant un cochon tous les jours qu'on le fait grossir", l'évaluationite aiguë ne sert à rien de concret....
- non, le gouvernement précédent n'a rien fait pour revaloriser la profession, aujourd'hui, il n'y a ni formation initiale, ni formation continue. Dans quelle profession est-ce le cas ? Même la coiffeuse de Pam lui disait qu'elle bénéficiait de stages régulièrement!
- oui, un des scandales de l'Education Nationale, c'est la façon qu'elle a de traiter ses agents : en effet, ceux-ci sont les seuls salariés à ne bénéficier d'aucune médecine du travail......

Etc....etc.... comme dirait un certain Blaise Pascal (oui, Pam a ses lettres)

Il y a tant de chose à dire.... Tant de choses à faire.... Et si on commençait par aider les protagonistes du mammouth agonisant, les profs ET les élèves ???? Voilà un programme qu'il est chouette et intéressant ! Et si on nous demandait notre avis, pour une fois ?

Comme un certain pasteur noir il y a de cela presque 50 ans, Pam had a dream....

Et si "on" reconnaissait vraiment notre travail ?

Et si on aidait vraiment l'enfance en difficulté ?

Et si on se rendait compte que l'Ecole est un révélateur du malaise de la société ?



jeudi 3 mai 2012

OTP Affolnet, version 2012 du Cri de Munch

Aujourd'hui, Day Tripper Pam a eu droit à la nouvelle mouture moderne et sans tache du boulet formidable travail "dossier d'entrée en 6è". Non, amies lectrices plutôt novices, amis lecteurs au grand coeur, ne fuyez pas ! Même si vous méconnaissez totalement la maison qui rend fou, le mammouth, la maison Education Nationale, ceci peut vous intéresser, car cette affaire est digne du grand Kafka, du fantastique Orwell, de l'inénarrable Bradbury.
Avant, en des temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre, l'administration faisait parvenir aux écoles, l'ensemble des dossiers, il n'y avait plus qu'à les remplir, travail fastidieux certes, mais bon, cela fait partie de nos tâches, alors c'est en râlant que Pam s'y collait, et c'était expédié plutôt rapidement. Ensuite, avec les dits dossiers, on allait au collège, dans le cadre de nos heures prévues hors classe, Pam râlait toujours (car Pam râle souvent en fait, ça la soulage), mais elle s'y rendait, avec les dossiers, histoire de dire aux profs du secondaire de bien s'occuper des petits chéris qui quittaient le cocon primaire pour aller dans la jungle secondaire.
Puis sont arrivés les premières scories : le B2i (brevet informatique, ignorant que tu es, profane de l'Education Nationale, brevet que Pam devait donner à ses élèves en travaillant sur des ordinateurs de 20 ans d'âge, généreusement donnés par EDF ou les impôts, avec au mieux, W98, donc aucun driver possible pour une quelconque entrée USB, par exemple.), puis l'attestation du savoir-nager (Pam n'a pas le droit d'aller à la piscine avec ses élèves, car ceux-ci ont déjà bénéficié de 5X12 séances dans les années précédentes. Et tant pis si Aristide et Berthe ne savent pas nager !), suivi de l'extraordinaire livret des compétences, avec des histoires de piliers, de socle (Pam, férue d'histoire ancienne, s'imaginait déambulant au milieu de vestiges grecs, de colonnes, de portiques, récitant Baudelaire, luxe, calme et volupté... Plus dure fut la chute...). L'administration continuait d'envoyer les enveloppes pour les dossiers, mais sans les dossiers : il fallait aller sur le site de l'Académie pour télécharger les dossiers (avec un vieux Dell des années 90, et W98....), les imprimer, les dupliquer, bref, le budget papèterie de l'année scolaire suivante était déjà entamé en avril.
Et l'année dernière arriva Affelnet, application sensée faciliter le travail.... Pam vous la fera courte, parce que, Affelnet, c'est tout simplement grandiôse : non seulement, il faut encore se coltiner tout le toutim décrit ci-dessus, mais il faut aussi remplir les cases de la dite application (et il y a des étapes, on ne peut pas tout faire d'un coup, sinon ce ne serait pas amusant), valider le tout, en espérant que le serveur ne rame ni ne plante (ce qui arrive très souvent).... Et pour finir, hein, et pou finir.... il faut imprimer tous les trucs qu'on a déjà validé sur l'application et qui nous aura pris un temps inouï, tout en conservant la paperasse nécessaire des années précédentes, mettre tout ça dans une enveloppe que l'administration ne nous fournit même plus (restriction budgétaire.... si la France en est à compter ses enveloppes, Pam vous le dit, l'Apocalypse n'est pas bien loin), avec le B2i (tu sais, le machin informatique), le LPC (livret personnel de compétences, avec plein de ruines grecques et romaines dedans), le livret scolaire ordinaire, la fiche du savoir-nager, pour les chanceux, le document passerelle langue vivante qui dit qu'Anastase et Melpomène savent se saluer en anglo-saxon ou en germain, et tout plein de trucs encore, Pam étant au bord de l'apoplexie, il est difficile d'en savoir davantage. Et quand on sait que le collège de secteur a également un accès à Affelnet, on est en droit de se demander pourquoi quelque chimère hiérarchique nous assomme de boulot supplémentaire, alors que Pam et les siens n'ont ni gestionnaire, ni secrétaire, encore moins de factotum.
And last but not least, Pam et ses compagnons de galère doivent toujours se rendre au collège d'à côté, mais cette fois-ci, gracieusement, en dehors de tout cadre institutionnel légal, puisque, au moment où ont lieu ces concertations, le quota des heures hors la classe a déjà été dépassé depuis longtemps.

Bref : grâce à l'informatique, au reporting (Pam promet un billet sur le reporting) et aux suppressions de postes, Pam et ses congénères se retrouvent avec 4 fois plus de boulot qu'avant, sans être payés plus, pour un effet immédiat qui pose question....
Mais est-ce un vrai travail que tout cela ?

mercredi 2 mai 2012

Chaufo

Day Tripper Dirlette, autrement dit Polythene Pam, a décidé de réformer l'orthograf, pardon, l'orthographe, dès là, maintenant, tout de suite. En effet, il se trouve que, par le plus grand des hasards, cela fait plus de 20 ans maintenant que votre serviteur se commet dans des salles de classes diverses et variées, elle eut la chance d'avoir un avorton de formation, minuscule certes, mais comparé à aujourd'hui, c'est Byzance.... Il se trouve donc qu'il y a un truc que Pam possède, c'est l'expérience, mauvaise ou bonne, peu importe, c'est en forgeant qu'on devient forgeron, en sidérant que l'on devient sidéré, et en haussant (les yeux, les épaules, ce que vous voudrez) que l'on devient haussé....
La scène se passe dans une salle de classe de la France profonde.
Après une découverte (maintes fois vue, la découverte, mais bon) de la notion de famille de mots (avec les mots très savants de suffixe ou radical, Pam est sûre que ça te rappellera quelque chose, divin lecteur, merveilleuse lectrice), des exercices sous forme de jeu (youpla boum ! Vite, des mots de la famille de rang !), voilà qu'arrive le mot "chauffer". Emerveillée, la polytheme eut droit à chaufferie, réchauffer, chauffage (les larmes perlèrent alors au coin de son oeil forcément torve, n'oublions pas, Pam est une parasite, elle n'a pas de "vrai travail"). Puis vint Isidore au tableau, très sûr et fier de lui. Et c'est là, au grand dam de Pam (ça rime), que l'abomination eut lieu : sous son regard effaré, elle vit apparaitre l'improbable "chaufo".
Pam a une grande soeur, la Vénus de Milo. Comme elle, elle n'a plus de bras, ils sont tombés depuis longtemps. Alors, elle respira très fort et demanda à Isidore :
- Heu, à quoi sert ton objet ?
- Ben à chauffer l'eau !
- Alors peut-être que tu te trompas lorsque tu écrivis ce.... cette.... enfin ton mot. Réfléchis bien, ton objet chauffe l'eau...et je te donne une aide supplémentaire : il faut deux mots pour écrire "chauffe-eau"
- Ah oui...
Alors, après une intense réflexion qui dura au moins 2 secondes, Isidore écrivit "chaud fo"

C'est à ce moment précis qu'un accès de manichéisme attaqua Pam : soit elle changeait de métier illico presto, soit elle réformait tout de suite l'orthographe dans son environnement proche.

Paske cé vré koi, poukoa on sent baite à ensainier, pisque 2 toute fa son, ya rin què 1 primé, l'1 portan, cè de se konprend, non ?

Pam comprit alors que le dit chauffe-eau pouvait aussi servir de siège pénétrant et elle se rua, une fois n'est pas coutume, sur la dernière bouteille de Margaux grand cru disponible dans son garage, démontrant par là même l'inéluctabilité de l'alcoolisme sur les privilégiés, assistés, parasites, bref, sur ceux qui n'ont pas de vrai travail.

Prosit !

lundi 30 avril 2012

April shower

L'anglais est une langue merveilleuse, où les néologismes sont quotidiens et ordinaires.... Il n'empêche, ce qui est encore plus terrifiant, ce sont les expressions idiomatiques, intraduisibles mot à mot. Pourquoi dit-on "april showers" pour les "giboulées de mars" ?
En ces temps sombres, on pourrait penser que la finesse d'esprit de la perfide Albion prévaut une fois encore, sur la poésie romantique inhérente à la langue française : en effet, il suffit de mettre le nez (et le reste) dehors pour se rendre compte de la pertinence outre-manche : en termes triviaux, il fait, au bas mot, un temps de merde depuis trois bonnes semaines, les jours où on a de la chance, il ne pleut qu'une seule fois par jour, et ceci toute la journée.
Quel rapport ceci dit, avec le titre soit disant éponyme (et polysémique, soyons fous) de ce énième blog ?
Aucun, si ce n'est le difficile exercice de l'introduction, de l'amorce d'un sujet où le mammouth, animal agonisant (pas encore totalement disparu, il bouge encore, quoi qu'on dise), sera le principal sujet, même s'il ne sera pas, heureusement d'ailleurs, totalement exhaustif, ouf, nous sommes sauvés.

En conclusion, c'est la fleur au fusil, le poitrail bombé et la lippe tremblante que j'annonce la naissance de ce blog, qui ne pourra subsister que si les lecteurs et les lectrices se manifestent, d'une manière ou d'une autre, afin de manifester un quelconque intérêt à ce qui suivra. Je n'ai d'autre prétention que celle d'être lue, à défaut comprise, aimée, raillée ou détestée, l'intérêt et le partage que porterons mes admirateurs/trices, détracteurs/trices n'en seront que plus intéressants !


Le jour des tripes

Traduction littérale du nom du blog, authentifié ce jour par des anglophiles certifiés.